Enregistrer la dynamique des émissions d'électrons

Electron_Sea_(Plasma), fot. By Spirit469 (Own work) [CC BY-SA 3.0
Le fait de comprendre l'évolution des états surexcités des électrons (au-delà du seuil d'émission d'électrons) pourrait permettre de contrôler des réactions chimiques. Un nouveau système expérimental permet de créer et d'étudier de tels états.
L'univers contient un nombre donné d'éléments, qui se combinent pour
donner toutes sortes de molécules. Ces molécules ne sont pas statiques
et immuables: tout y bouge, depuis les électrons et les noyaux jusqu'à
la forme complexe en volume. La dynamique moléculaire gouverne les
propriétés des matériaux et les fonctions des systèmes biologiques, et
les électrons dans un état surexcité ouvrent une fenêtre d'observation
sur la mécanique quantique.
Ces états surexcités ne peuvent être obtenus à partir de molécules
neutres (dans leur état de base) en utilisant des lasers femtoseconde
classiques, qui sont limités par leur gamme de longueur d'onde. Des
scientifiques ont surmonté cet obstacle en créant ces états à partir de
faisceaux rapides d'ions négatifs ou d'espèces neutres mais métastables,
plus proches des états surexcités. Ils ont travaillé dans le cadre du
projet EXTREME DYNAMICS («Time resolved superexcited state dynamics»),
financé par l'UE.
Les chercheurs ont équipé un laser fait sur mesure avec un système
de mise en forme des impulsions, pour contrôler et optimiser la phase
spectrale des impulsions ultra rapides. Ils ont aussi construit un
dispositif à faisceau d'ions rapides, pour créer des anions froids,
groupés ou moléculaires (chargés négativement par ajout d'électrons à
des composants neutres).
L'équipe a ensuite intégré un système pour réaliser une
spectroscopie par photo-fragmentation. Il s'appuie sur des images en
très haute résolution et un convertisseur chronométrique. Cet équipement
mesure le moment où les fragments frappent le détecteur à plaque à
micro canal, ainsi que leur position sur le détecteur. Un spectromètre
dédié sépare les produits.
L'utilisation du système a révélé un nouveau scénario de détachement
multiple. Dans certains cas, deux électrons ou plus sont éjectés de la
molécule parent chargée négativement. Si la molécule perd plus
d'électrons que ceux qui lui donnaient une charge négative, on obtient
des cations (charge positive). Les chercheurs ont exploité leur nouvelle
instrumentation pour caractériser un nouveau mécanisme non séquentiel,
très efficace, et montré qu'il différait du mécanisme bien connu de
double ionisation des systèmes neutres.
Les progrès réalisés par le projet EXTREME DYNAMICS ont conduit à de
nombreuses publications, à un nouveau cours dans l'institution hôte, et
à des ateliers et des séminaires dans d'autres institutions. Les
résultats faciliteront la modélisation, la prévision et finalement le
contrôle des réactions chimiques.
publié: 2015-02-03