Prendre le contrôle de nos émotions

Pour ceux qui essaient de s'autocontrôler, il est effectivement indispensable d'être convaincu de pouvoir contrôler ce qu'ils veulent changer. Le projet BELIEFS AND EMOTIONS («The role of beliefs about control in emotion regulation») a donc évalué si les personnes convaincues de pouvoir contrôler leurs émotions les contrôlaient effectivement de manière plus efficace et par conséquent, étaient susceptibles de ressentir plus d'émotions positives et moins d'émotions négatives.

Toute une palette d'expériences ont permis aux partenaires du projet de manipuler les convictions concernant le contrôle possible des émotions. Les chercheurs ont ensuite évalué leur effet de causalité sur la régulation ultérieure des émotions. Ces travaux indiquent que les croyances concernant la contrôlabilité des émotions permettaient de fait une meilleure régulation de ces émotions.

Dans une seconde série d'études, les chercheurs du projet ont tenté de vérifier si la possibilité d'utiliser des stratégies efficaces de régulation débouchait réellement sur une meilleure régulation des émotions mais seulement pour les personnes persuadées que les émotions pouvaient être contrôlées. La réévaluation cognitive est un excellent exemple de stratégie efficace de régulation.

Plus les participants de l'étude employaient la réévaluation cognitive; plus ils se montraient enclins à diminuer leurs émotions négatives et plus ils étaient persuadés que les émotions pouvaient être contrôlées. Ces études montrent qu'effectivement les gens sont capables de réguler efficacement leurs émotions s'ils disposent des outils pour le faire (par exemple en utilisant la réévaluation cognitive) et s'ils sont convaincus qu'il est possible de le faire.

Les partenaires du projet ont ensuite évalué ces certitudes concernant la contrôlabilité des émotions sur des personnes souffrant de dépression clinique. Plutôt que d'apprendre aux patients à diminuer leurs émotions négatives, cette étude les laisse déterminer s'ils essaient de diminuer ou de maintenir leur niveau de tristesse. Plus les personnes déprimées étaient persuadées qu'il était possible de contrôler leurs émotions, plus elles étaient susceptibles d'essayer et de réussir à diminuer leur tristesse.

Au total, le projet BELIEFS AND EMOTIONS a ainsi permis de souligner l'importance des convictions concernant la contrôlabilité des émotions pour façonner une régulation des dites émotions. Ces travaux pourraient permettre le développement d'actions favorisant une régulation efficace des émotions négatives. Les progrès dans ce domaine devraient bénéficier aux populations saines et maladies.