Des scientifiques expliquent comment le vaccin contre la tuberculose protège d''autres maladies

Des chercheurs soutenus par le biais des projets MENTORINGTREGS et SYSBIOFUN, financés par l''UE, ont expliqué comment le vaccin le plus utilisé au monde contre la tuberculose offre également une protection efficace contre d''autres maladies infectieuses.

Dans une étude publiée dans la revue ''Cell Reports'', l''étude montre que les effets à large spectre du vaccin BCG (Bacilus Calmette-Guerin) pourraient être dus à des changements métaboliques et épigénétiques des globules blancs, appelés monocytes, grâce à un processus appelé ''immunité entraînée''. Cette découverte pourrait permettre de développer des stratégies combinant stimulation immunologique et métabolique pour renforcer l''efficacité des vaccins et thérapies anti-cancer.''Les implications des résultats sont doubles: D''un côté, nous avons découvert de nouvelles interactions biologiques qui relient le métabolisme cellulaire aux réponses immunitaires, de l''autre, nous avons ouvert la porte à de nouvelles approches thérapeutiques dans lesquelles les modulateurs du métabolisme adaptent les réponses immunitaires innées et peuvent servir de nouvelles immunothérapies potentielles,'' a commenté Mihai Netea, auteur de l''étude. ''Toutefois, il est important de comprendre qu''il ne s''agit que du début du processus vers la pratique clinique, et que des études complémentaires seront nécessaires avant d''y parvenir.De nombreuses études ont démontré la capacité du BCG à protéger les patients d''infections autres que la tuberculose. Ainsi, une administration précoce réduit-elle la mortalité infantile, principalement en raison d''une diminution des infections respiratoires inférieures et des réponses immunitaires dangereuses déclenchées par les infections. Le BCG peut également traiter le cancer de la vessie et donne des résultats prometteurs dans le cas d''autres pathologies telles que l''asthme et les maladies parasitaires. Mais les raisons pour lesquelles le BCG est efficace contre d''autres maladies reste un mystère.Pour percer ce secret, M. Netea et son équipe ont étudié les changements métaboliques induits par le BCG dans les monocytes, des cellules immunitaires innées. Ils ont ainsi découvert que la vaccination entraînait une augmentation importante et durable de la glycolyse, et dans une moindre mesure, du métabolisme de la glutamine chez les souris et les humains. Cette évolution du métabolisme du glucose en glycolyse était nécessaire pour déclencher une immunité entraînée.Ce processus repose sur des changements épigénétiques qui affectent l''activité génique sans altérer la séquence d''ADN, dans le but de renforcer la capacité des cellules immunitaires innées à reconnaître et mettre en place les réponses les plus efficaces contre les pathogènes précédemment rencontrés.Plus spécifiquement, les changements métaboliques induits par le BCG ont été nécessaires pour induire des modifications au niveau certaines protéines, les histones, qui jouent le rôle d''échafaudage autour duquel s''enroule l''ADN. Dans les cohortes humaines, les variations d''un seul nucléotide dans les gènes codant les enzymes de glycolyse ont eu un impact sur l''induction de l''immunité entraînée dans les monocytes. Ensemble, les résultats montrent que la reprogrammation du métabolisme cellulaire est un processus central impliqué dans l''immunité entraînée induite par le BCG.''Ces résultats remettent en cause le concept selon lequel le système immunitaire inné ne peut pas s''adapter à long terme après une infection ou une vaccination,'' déclare M. Netea. ''Le concept global selon lequel la fonction des cellules immunitaires innées peut changer de manière stable, en étant par exemple améliorée par certains vaccins tels que le BCG, constitue une nouvelle façon d''appréhender l''immunologie, car il n''y a pas si longtemps, on pensait que seul le système immunitaire adaptatif pouvait s''adapter à des infections ou à des vaccins antérieurs.''La prochaine étape consistera à procéder à des analyses plus larges et plus importantes des monocytes en circulation chez les individus présentant un risque d''infection auxquels le vaccin du BCG a été administré. ''Des études futures de plus grande envergure devraient évaluer la variation de ces réponses d''un individu à l''autre afin de pouvoir identifier les facteurs qui influencent les réponses au vaccin au niveau de la personne'', conclut M. Netea. ''Au final, une meilleure compréhension de l''immunité entraînée induite par le BCG pourrait conduire au développement de stratégies capables de modifier les voies du métabolisme cellulaire pour améliorer les mécanismes de défense de l''hôte humain et améliorer l''efficacité des vaccins et de l''immunothérapie chez les patients.''Le projet MENTORINGTREGS, qui a bénéficié d''un financement de l''UE de 1,5 million d''euros, se poursuivra jusqu''en avril 2018. Soutenu par un financement légèrement inférieur de l''UE, le projet SYSBIOFUN, s''achèvera quant à lui en décembre 2017.Pour plus d''informations, veuillez consulter:
page du projet MENTORINGTREGS sur CORDIS
page du projet SYSBIOFUN sur CORDIS

publié: 2016-12-21
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