La substantifique moelle du fumier

La production mondiale de bétail s'est considérablement accrue ces dernières décennies pour satisfaire la demande croissante de la population en protéines animales. La modification subséquente des systèmes de production a entraîné une plus grande pollution de l'air, des nappes phréatiques, des eaux de surface et du sol. De plus, le système d'agriculture intensive a généré un découplage des sites de production du bétail de ceux responsables de la production du fourrage. Ce système a lui-même généré un excédent important de fumier dans les zones de production du bétail.

Pour résoudre ces problèmes, l'industrie de l'élevage doit développer de nouvelles technologies afin de réduire l'impact environnemental des excédents de fumier et améliorer sa durabilité. Le projet REUSEWASTE (Recovery and use of nutrients, energy and organic matter from animal waste) a donc été mis en place pour répondre à ce défi. Son objectif est de former les jeunes chercheurs aux nouvelles technologies capables d'améliorer la récupération durable et l'exploitation de la matière organique, de l'énergie et des sources en éléments nutritifs contenus dans le fumier.

Les partenaires du projet provenant des régions dont l'élevage est le plus intensif en Europe ont ainsi collaboré avec 13 jeunes chercheurs boursiers. Ces jeunes chercheurs ont travaillé au développement de nouvelles technologies et à l'amélioration de celles bien établies pour la production d'une énergie biologique, de fertilisants écologiques et l'obtention d'un air, d'un sol et d'une eau de meilleure qualité. Leurs recherches se sont concentrées sur les méthodes de caractérisation du fumier, les technologies de gestion et de traitement, la récupération de l'énergie et des nutriments et le recyclage des terres.

Parmi les travaux engagés par ces jeunes chercheurs, on peut citer par exemple, une nouvelle façon de prédire la dynamique de minéralisation du carbone pour un grand nombre d'échantillons de déchets organiques et de nouvelles stratégies d'acidification du purin. Une gazéification réussie de litière de volaille et de lisier de porc a également été réalisée à l'échelle pilote avec génération de charbon et de cendres utilisés ensuite dans des essais de fertilisation. Les chercheurs ont également examiné les effets de différents traitements du purin sur la production et la qualité du maïs, ainsi que le séchage des matières solides et leur acidification afin d'accroître leur valeur fertilisante.

Le projet REUSEWASTE a fourni aux jeunes chercheurs l'opportunité unique d'acquérir les connaissances et les nouvelles compétences qui leur seront nécessaires pour exploiter les nouvelles technologies destinées à la gestion des déchets animaux. Ces connaissances incluent tant les compétences scientifiques et que d'autres compétences tout aussi nécessaires comme celles ayant trait à la planification et la gestion des projets, les droits de propriété intellectuelle ou le dépôt de brevets ainsi que l'éthique de la recherche. Cette formation leur ouvre ainsi la voie de carrières prometteuses tout en étant bénéfique pour l'économie européenne et la recherche environnementale du continent.